Ce blog est dédié au peintre José Ostria Garron, né à Sucre en Bolivie le 22 octobre 1924 et mort à Paris le 24 janvier 2013.
Très jeune, il étudie la peinture dans l'atelier de Juan Rimsa à Sucre, puis entre à l'école d’art Hernando Siles de La Paz (1944-1948).
Après avoir participé à la Biennale de La Havane en 1953, il
quitte la Bolivie en 1955 pour étudier à l'Académie des Beaux-Arts de San
Fernando à Madrid, Espagne (1955-1956). Après quelques expositions en
Espagne, il part pour Paris où il s'installe définitivement.
A partir des années 1960, il entame une longue carrière de
restaurateur de tableaux et de fresques pour les Monuments historiques
français, tout en poursuivant parallèlement son œuvre personnelle. En 1970, il
est délégué de la Bolivie à Belgrade (Yougoslavie) lors de la conférence de
l'UNESCO sur la formation de l'artiste. Il a exposé son travail dans des
galeries en Espagne, Etats-Unis, France, Angleterre, Brésil, Uruguay, etc.
PRIX: Troisième prix de peinture au Salon Murillo pour L’Attente (1954) ; Premier prix de peinture au Salon
Murillo avec Crucifiée
(1955) ; Prix des Nations au IIIe festival de peinture de Cagnes-Sur-Mer
avec L’Exode (France, 1971).
Ci-dessous une sélection de ses toiles, de ses aquarelles, gravures et dessins, de préférence par ordre chronologique, qui sera augmentée au fur et à mesure de nos trouvailles…
L'Aveugle - 1954 - Huile sur toile |
Les Amants - 1956 - Aquarelle et encre de Chine |
L'Exode - 1961 - Huile sur toile |
NOCHE DE SAN JUAN
Noche estrellada ; noche de San Juan ; « fogatas » lucen en la noche oscura. Gritos de los niños saltando por encima del fuego ; risas, canciones, música de charangos ; alcohol y « chicha » circulan alegremente llenando el ambiente de risas y canciones mezcladas con historias que estremecen. Magia de esta noche inolvidable, tan lejos y presente !!! Nostalgia pura. Todo esta lejos en el tiempo. Placeres simples de la infancia. Los ancianos dicen que esta noche las rosas y las piedras se parten ; el frio es intenso ; las estrellas lucen en el cielo la atmosfera sin nubes ; el humo de las fogatas se diluye y solo queda la noche negra y misteriosa de San Juan. Pasan los años y los recuerdos se atropellan. Las imágenes son borrosas y solo quedan las fogatas y la noche de cristal. Añoranza del espíritu, ansia de naturaleza verde, roja.
Jose Ostria
REGARD D'UN ÉCRIVAIN SUR LE PEINTRE
“La nostalgie est permanente, c’est évident”, insiste-t-il. Elle ne doit pas devenir une impasse, un piège qui nous attrape
avec ses retours en arrière et nous mène à l’idéalisation paralysante. Ostria
explique très bien cette forme d’enlisement : “La nostalgie est très
puissante, mais en même temps le pays natal peut être une sorte de pesanteur.
On risque de devenir un peintre nostalgique, d’oublier l'aspect plastique. Il
faut se libérer de cela. C’est l’explication de ma période abstraite”. Il évoque
avec une grande lucidité la diversité de sa peinture, faisant allusion à ses
années consacrées à l’abstraction. “Pour me libérer des sujets indigènes, des
paysages originels”, dit-il. Ensuite il a pu revenir au “figuratif”, en
utilisant ses nouvelles expériences et techniques acquises, et ainsi “continuer
à aller de l’avant”. Quand j’utilise le terme “figuratif” et en particulier le
mot “réalisme” pour parler de l’œuvre de Ostria, je fais – sans le vouloir –
une sorte de raccourci, j’utilise des termes réducteurs puisque sa
représentation “réaliste” échappe à la simple description du contexte. Son
approche toujours très personnelle, c’est sa réalité qu’il nous présente. Voilà
pourquoi je mets les termes “réalisme” et “figuratif” entre guillemets.
La multiplicité fait la richesse de son
œuvre picturale. José est un dessinateur obsessionnel, qui n’abandonne jamais –
comme je l’ai déjà dit – ses minuscules carnets où il fixe les figures, la
tranquillité, les mouvements, les lumières, les pénombres et les ombres qui l’habitent.
Cette pratique permanente confère une grande rigueur à la peinture, au dessin
de Ostria, et par là je ne veux pas parler de “dureté”. Je fais au contraire
allusion à la fluidité des lignes, à l’alliance des tonalités, à l’harmonie des composantes
du tableau, enfin, à la maîtrise de la technique, à son habileté, à la netteté
de l’ensemble. Ce métier, il l’a d’abord appris avec son maître Juan Rimsa,
excellent peintre lituanien émigré avec qui il a parcouru divers pays
latino-américains dont la diversité l’inspira par la suite dans son œuvre. A
l’école des Beaux Arts de San Fernando à Madrid, il a pu parfaire ses
connaissances, sa maîtrise plastique. Fresquiste avant tout, affirme-t-il, il a
réalisé des œuvres de grande taille, à Sucre, à Paris (130 m2 à la caserne des
pompiers Masséna). Il a dessiné une grande tapisserie (20 m2), exécutée avec la technique des Gobelins, qui se trouve aujourd’hui à Yaoundé au Cameroun. Grâce à sa pratique de la fresque, il
obtient une “transparence sans épaisseur” qui se transparaît dans sa peinture.
Il a débuté par des sujets “ethniques” et des
techniques “traditionnelles”, si l’on peut parler ainsi des prémisses d’une
œuvre inquiète qui a toujours été en perpétuel renouvellement. Dans sa pratique
picturale, on l’a vu passer avec une forte conviction à une riche période
d’abstraction, très personnelle, où il n’a pas renié ses thèmes ethniques, mais où il les transcende, leur conférant
une vision nouvelle. Après quelques années, il revient au “figuratif”, avec la
même “nécessité” et la même spontanéité avec lesquelles il l’avait abandonné,
en l’enrichissant d’apports techniques et des leçons de l’abstraction. Je considère personnellement qu’il n’y a pas de rupture. Le splendide Triptyque d’un village en Bolivie, ou le Paysage
abstrait, ou encore Ciel et terre, ne sont pas l’antithèse de magistrales
œuvres “figuratives” (en insistant sur les guillemets) comme les trois dessins
à la pierre noire intitulés La Foule. Un critique les a décrits avec une grande
justesse : “Venue du néant, cette foule s’approche du spectateur, massive,
imposante. Son caractère imposant vient du fait que de cette masse anonyme se
dégage une atmosphère typique de l’altiplano, aussi bien à cause de
l’horizontalité que des traits et des profils suggérant le monde indien”.
Je veux insister sur le fait que José a le
don de synthétiser par un détail le “message” d’un tableau. Un exemple qui m’a
touché est cette cruche que porte sur sa tête la femme de la toile Paraguay :
homme et femme. Du premier coup d’œil – sans en connaître le titre –, j’ai eu
le sentiment, sans aucune hésitation, que ce tableau avait été peint dans mon
pays, où les paysannes portent sur la tête des objets divers, parfois lourds,
comme des fagots. Cette coutume ancestrale a donné lieu à cette danse mimétique
où les femmes dansent parfois en portant dix-huit bouteilles et plus sur la tête,
avec une élégance et une aisance absolues. C’est un simple exemple, qui m’est
proche, mais on peut l’appliquer à de nombreuses autres toiles du peintre...
Extraits d'un texte de Rubén Barreiro Saguier © 2005
NOCHE DE SAN JUAN
Noche estrellada ; noche de San Juan ; « fogatas » lucen en la noche oscura. Gritos de los niños saltando por encima del fuego ; risas, canciones, música de charangos ; alcohol y « chicha » circulan alegremente llenando el ambiente de risas y canciones mezcladas con historias que estremecen. Magia de esta noche inolvidable, tan lejos y presente !!! Nostalgia pura. Todo esta lejos en el tiempo. Placeres simples de la infancia. Los ancianos dicen que esta noche las rosas y las piedras se parten ; el frio es intenso ; las estrellas lucen en el cielo la atmosfera sin nubes ; el humo de las fogatas se diluye y solo queda la noche negra y misteriosa de San Juan. Pasan los años y los recuerdos se atropellan. Las imágenes son borrosas y solo quedan las fogatas y la noche de cristal. Añoranza del espíritu, ansia de naturaleza verde, roja.
REGARD D'UN ÉCRIVAIN SUR LE PEINTRE
“La nostalgie est permanente, c’est évident”, insiste-t-il. Elle ne doit pas devenir une impasse, un piège qui nous attrape
avec ses retours en arrière et nous mène à l’idéalisation paralysante. Ostria
explique très bien cette forme d’enlisement : “La nostalgie est très
puissante, mais en même temps le pays natal peut être une sorte de pesanteur.
On risque de devenir un peintre nostalgique, d’oublier l'aspect plastique. Il
faut se libérer de cela. C’est l’explication de ma période abstraite”. Il évoque
avec une grande lucidité la diversité de sa peinture, faisant allusion à ses
années consacrées à l’abstraction. “Pour me libérer des sujets indigènes, des
paysages originels”, dit-il. Ensuite il a pu revenir au “figuratif”, en
utilisant ses nouvelles expériences et techniques acquises, et ainsi “continuer
à aller de l’avant”. Quand j’utilise le terme “figuratif” et en particulier le
mot “réalisme” pour parler de l’œuvre de Ostria, je fais – sans le vouloir –
une sorte de raccourci, j’utilise des termes réducteurs puisque sa
représentation “réaliste” échappe à la simple description du contexte. Son
approche toujours très personnelle, c’est sa réalité qu’il nous présente. Voilà
pourquoi je mets les termes “réalisme” et “figuratif” entre guillemets.
La multiplicité fait la richesse de son
œuvre picturale. José est un dessinateur obsessionnel, qui n’abandonne jamais –
comme je l’ai déjà dit – ses minuscules carnets où il fixe les figures, la
tranquillité, les mouvements, les lumières, les pénombres et les ombres qui l’habitent.
Cette pratique permanente confère une grande rigueur à la peinture, au dessin
de Ostria, et par là je ne veux pas parler de “dureté”. Je fais au contraire
allusion à la fluidité des lignes, à l’alliance des tonalités, à l’harmonie des composantes
du tableau, enfin, à la maîtrise de la technique, à son habileté, à la netteté
de l’ensemble. Ce métier, il l’a d’abord appris avec son maître Juan Rimsa,
excellent peintre lituanien émigré avec qui il a parcouru divers pays
latino-américains dont la diversité l’inspira par la suite dans son œuvre. A
l’école des Beaux Arts de San Fernando à Madrid, il a pu parfaire ses
connaissances, sa maîtrise plastique. Fresquiste avant tout, affirme-t-il, il a
réalisé des œuvres de grande taille, à Sucre, à Paris (130 m2 à la caserne des
pompiers Masséna). Il a dessiné une grande tapisserie (20 m2), exécutée avec la technique des Gobelins, qui se trouve aujourd’hui à Yaoundé au Cameroun. Grâce à sa pratique de la fresque, il
obtient une “transparence sans épaisseur” qui se transparaît dans sa peinture.
Il a débuté par des sujets “ethniques” et des
techniques “traditionnelles”, si l’on peut parler ainsi des prémisses d’une
œuvre inquiète qui a toujours été en perpétuel renouvellement. Dans sa pratique
picturale, on l’a vu passer avec une forte conviction à une riche période
d’abstraction, très personnelle, où il n’a pas renié ses thèmes ethniques, mais où il les transcende, leur conférant
une vision nouvelle. Après quelques années, il revient au “figuratif”, avec la
même “nécessité” et la même spontanéité avec lesquelles il l’avait abandonné,
en l’enrichissant d’apports techniques et des leçons de l’abstraction. Je considère personnellement qu’il n’y a pas de rupture. Le splendide Triptyque d’un village en Bolivie, ou le Paysage
abstrait, ou encore Ciel et terre, ne sont pas l’antithèse de magistrales
œuvres “figuratives” (en insistant sur les guillemets) comme les trois dessins
à la pierre noire intitulés La Foule. Un critique les a décrits avec une grande
justesse : “Venue du néant, cette foule s’approche du spectateur, massive,
imposante. Son caractère imposant vient du fait que de cette masse anonyme se
dégage une atmosphère typique de l’altiplano, aussi bien à cause de
l’horizontalité que des traits et des profils suggérant le monde indien”.
Je veux insister sur le fait que José a le
don de synthétiser par un détail le “message” d’un tableau. Un exemple qui m’a
touché est cette cruche que porte sur sa tête la femme de la toile Paraguay :
homme et femme. Du premier coup d’œil – sans en connaître le titre –, j’ai eu
le sentiment, sans aucune hésitation, que ce tableau avait été peint dans mon
pays, où les paysannes portent sur la tête des objets divers, parfois lourds,
comme des fagots. Cette coutume ancestrale a donné lieu à cette danse mimétique
où les femmes dansent parfois en portant dix-huit bouteilles et plus sur la tête,
avec une élégance et une aisance absolues. C’est un simple exemple, qui m’est
proche, mais on peut l’appliquer à de nombreuses autres toiles du peintre...
Extraits d'un texte de Rubén Barreiro Saguier © 2005
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire